Portrait Aniss El Hamouri

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Aniss El Hamouri est auteur de bande dessinée. En 2018, il remporte le prix Révélation ADAGP / Quai des Bulles pour son album Comme un frisson, paru chez Vide Cocagne. Ce prix récompense un auteur complet (scénario + dessin), qui a publié au maximum trois albums. Nous lui avons posé quelques questions sur la création de sa BD et ses prochains projets.

 

Aniss El Hamouri est né à Temara, au Maroc, d’un père Marocain et d’une mère Belge : « un binational comme on dit dans le milieu ».

Après avoir terminé ses études secondaires au Maroc, il rentre à l’école Saint-Luc, à Liège en section bande dessinée : « J’y ai obtenu une licence, puis j’ai continué sur ma lancée avec un Master en illustration à l’Académie des Beaux-Arts de Liège. J’y ai fait quasi exclusivement de la BD. Pendant tout ce temps j’ai fait plein de fanzines avec des amis. C’était si bien. Après ça que dire, je suis sorti et c’était un peu le choc, comme se jeter dans de l’eau glacée. On réalise que parfois créer seul dans son coin, avec pas beaucoup de sous c’est dur. J’ai alors soumis un projet du livre qui deviendrait Comme un Frisson à la bourse de la fédération Wallonie-Bruxelles.  »

Le projet a été accepté, il a mis environs trois ans à voir le jour, entre la réalisation du dossier pour la bourse et la sortie du livre : « Il y a eu beaucoup de temps où je n’y travaillais pas, beaucoup de temps d’attente, de temps passé à d’autres projets, à des travails pour remplir mon estomac… » . 

L’idée du scénario de Comme un frisson n’est pas venue tout de suite à Aniss El Hamouri, le projet a mis du temps à mûrir: « Quand j’ai fini mes études, je me disais qu’il me fallait un projet one-shot pour tenter quelque chose. Faire ce dossier m’a obligé à clarifier des choses, mais je n’étais clairement pas sûr de savoir comment coucher tout ça en BD sur le papier. Je n’avais pas encore de plan très clair. Juste des lignes de direction. 

En règle générale, les idées de scénario restent longtemps dans ma tête. C’était le cas de Comme un frisson (qui s’est très longtemps appelé Tingling). J’ai eu une idée de départ il y a très longtemps d’une personne qui aurait le pouvoir de spider-man de détecter le danger, mais face à l’abstraction de la notion de danger, ne saurait rien en faire de vraiment valable. Puis des choses s’y sont progressivement ajoutée.


J’ai été fort influencé par Crash de Cronenberg pour le personnage de Guru un peu manipulateur. Et puis je ne sais pas, le projet s’est nourri avec des idées qui s’amalgamaient silencieusement dans ma tête pendant pas mal de temps. »

En 2017, Comme un frisson sort aux éditions Vide Cocagne. Le jury du prix Révélation ADAGP / Quai des Bulles l’intègre dans sa sélection, puis le récompense en septembre 2018 : « Je me rappelle quand Fabien (mon éditeur) me l’a annoncé au téléphone. Je n’en croyais pas un mot. J’étais au milieu d’un workshop dans la cambrousse et je me suis levé, j’ai sauté partout en gueulant. Hahaha. Honnêtement je ne pensais pas l’avoir. Je l’espérais bien sûr, mais je ne m’imaginais pas lauréat.

A l’annonce de la sélection, j’étais déjà super heureux et j’avais commencé à lire les autres livres que je ne connaissais pas encore… A chaque fois que j’en fermais un j’étais un peu plus stressé. Hahahah.

C’était vraiment un gros truc, ce prix, pour moi. Comment dire… Déjà le bouquin a eu un succès auquel je ne m’attendais pas. Je ne pensais pas qu’autant de gens le liraient et qu’autant de gens qui ne me connaissaient pas m’écriraient pour me dire qu’ils avaient aimé. Ça m’a beaucoup ému. Je suis fier de ce livre, alors j’ai été vraiment heureux de voir que d’autres gens se retrouvaient dedans.

Le prix ça a renforcé ça encore plus. Le jury était impressionnant et c’était comme si on me disait que je n’étais pas fou d’y croire et de donner de l’importance à mes bandes dessinées pendant tout ce temps. Je me suis dit : « Ok ! Donc en fait je sais quand même un peu en faire de la BD alors ! »

La dotation du prix comprend une bourse de 5000€ et un portrait filmé et diffusé sur le site d’Arte : « Le reportage a vraiment eu un retentissement impressionnant. Un ami m’a dit que c’était la première fois qu’il m’entendait parler réellement de mon travail et qu’il avait trouvé ça beau. Ça m’a beaucoup touché. J’ai été surpris, des personnes perdues de vue me félicitaient pour le prix. Un type m’a reconnu dans le tram une fois hahaha c’était dingue (j’étais en train de lire Naruto). Mon père était fier aussi. Comme quoi tout arrive. »

Aniss El Hamouri continue de travailler sur de nouveaux projets, le prochain à voir le jour sera un livre en sérigraphie produit avec L’appât (un atelier de sérigraphie basé à Bruxelles) : « Un livre un peu spécial : un texte d’autofiction sur mon rapport à ma binationalité croisé avec des dessins directement reproduits du film The Thing de Carpenter. J’arrive bientôt au bout et on l’imprime en mi-mai. Ça sera super, j’ai hâteEt sinon je suis sur un projet très ambitieux : une série en BD dans un univers médiéval fantastique sur des adolescents sorciers. J’y travaille depuis quelques temps déjà. Je suis très content de ce à quoi ça ressemble jusqu’ici. Ça promet d’être un récit impitoyable haha… J’ai sorti le premier épisode en auto-édition avec ma structure Brumeville. »

En attendant de pouvoir découvrir les nouveaux albums d’Aniss El Hamouri, nous ne pouvons que vous conseiller de (re)lire Comme un frisson et de suivre son travail sur les réseaux sociaux !

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Regarder le portrait filmé par Arte 

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