Eric Feres, lauréat du prix Révélation

  • Eric Feres, lauréat du prix Révélation
  • Eric Feres, lauréat du prix Révélation

Le prix Révélation 2019 de l’ADAGP / Quai des Bulles a été attribué à Eric Feres pour sa BD Sabre paru aux éditions Dargaud.

Eric Feres est né en 1979 à la Seyne sur mer dans le Var. Après son bac, il poursuit ses études au centre d’art contemporain, la Villa Arson, à Nice. Depuis 2003, il vit à Lyon et travaille en tant que : « gardien de bâtiment, agent d’accueil, de sécurité… enfin pleins d’activités permettant de payer mon loyer et de dégager au mieux du temps pour la lecture, l’écriture et le dessin, ce qui ne marche pas toujours, mais bon… ».

En 2017, l’auteur débute son travail sur Sabre : « C’est ma première bande dessinée. Je n’avais auparavant réalisé qu’une histoire de 5 pages en noir et blanc pour un fanzine, Komiki, et c’est à peu près tout en dehors d’un intérêt de toujours pour la bd et le dessin. Avant de me lancer sur Sabre, BD finalement muette, j’avais arrêté quasiment entièrement de dessiner pendant 6/7 ans pour ne faire… qu’écrire. »

Pour pouvoir réaliser cet album, Eric Feres pose durant deux années des congés sans soldes et consacre tout son temps à l’écriture et au dessin. Le petit tigre à dents de sabre avait déjà émergé dans l’imagination de l’auteur plusieurs années auparavant, mais a réellement pris vie au moment de la création de la bande dessinée : « C’est en cherchant des idées graphiques sur un autre projet que je voulais débuter que j’ai fait le premier dessin de Sabre au milieu d’un tas d’autres, comme les gribouillis qu’on fait de temps en temps lorsqu’on est au téléphone et qu’on griffonne sur un bout de papier. Il m’a plu : je l’imaginais déjà dessiné naïvement et debout sur une biche assez réaliste que ce tigre aurait chassée. Plus tard tout ça m’est revenu au moment de commencer pour de bon un album. D’ailleurs cette idée de dessin s’est réalisée sur la quatrième de couverture. ». L’album a été réalisé avec différentes techniques : « sur papier, à la plume et à l’encre, avec des effets de texture au fusain (et des aplats numériques pour la couleur). »

En septembre 2019, Eric Feres reçoit un appel de l’ADAGP, l’informant qu’il a reçu le prix Révélation Quai des Bulles pour son album, Sabre, paru aux éditions Dargaud : « Pour moi, il était grand temps de reprendre un travail alimentaire pour sauver mon compte en banque. Et c’est en attendant fébrilement un appel de la mairie de Lyon pour la proposition d’un emploi (qui allait du coup me couper de la possibilité de commencer un nouveau projet bd, et que je n’attendais donc pas avec une grande impatience) que j’ai reçu le coup de téléphone de l’ADAGP pour m’annoncer que j’étais le lauréat du prix Révélation de Quai des bulles… ! Je n’ai pas compris immédiatement (c’était en plus le matin): ADAGP, DDT, MICG… entre l’Adagp et la mairie trop d’acronymes : mon cerveau n’était pas prêt, je n’étais pas sûr de bien comprendre ce qu’on me racontait ! » .

Très heureux de cette nouvelle, Eric Feres raconte : « Pour un premier album (et pour un album tout court) voir son travail mis en valeur et apprécié par d’autres est un vrai soulagement après autant d’effort, d’énergie et de temps dépensés. La première étape agréable étant le retour des lecteurs à travers les réseaux sociaux, les mots qu’ils nous envoient avant de peut-être avoir la chance de les rencontrer (ce qui est arrivé plusieurs fois depuis). Il m’arrive aussi régulièrement, maintenant, durant des séances de dédicaces, de rencontrer des lecteurs qui ont découvert mon album grâce au prix Révélation ADAGP et aux critiques et articles parus grâce à lui. »

En ce qui concerne ses influences pour la réalisation de Sabre, l’auteur évoque le cinéma et « des œuvres comme « Tree of life » de Malick pour cette passion commune de passer du microcosme au macrocosme, de faire des ruptures de « montage » très brutales » ainsi que Kubrick : « pour son pragmatisme tellement poussé qu’il en ressort une grande partie de l’originalité de ses films (de mon côté, travailler sur un format « paysage » pour mettre en valeur la nature, avoir un récit muet pour garder l’aspect sauvage aux animaux…) Du côté des inspirations BD il évoque José Munoz : « son dessin et sa liberté de mise en scène et de récit (avec Carlos Sampayo) sont une référence pour moi depuis très longtemps ».

En décembre, il réalise la carte postale de l’année commandée par Quai des Bulles, où il lui est demandé d’évoquer l’univers marin : « En même temps que le prix de Saint-Malo, j’ai découvert… Saint-Malo, sa plage et son étrange et belle forêt de tronc d’arbres qui ont parfois l’air d’être vitrifiés, parfois fossilisés. Et j’ai alors voulu y faire revenir un peu de vie le temps d’un dessin… une branche, quelques feuilles : un bon début de nouvelle année ! ».

Lorsqu’on lui demande d’évoquer ses futurs projets, Eric Feres reste prudent : « en  ce moment mon emploi alimentaire à plein temps ne m’aide pas beaucoup pour démarrer sereinement un nouveau projet », mais il a déjà une idée en tête pour son prochain album : « Je pars sur l’idée d’une trilogie, avec des humains et du texte, pour changer un peu (ou pour changer beaucoup…) ».

Eric Feres fait l’objet d’une exposition à l’Adagp à Paris jusqu’au 18 février 2020, sur rendez-vous du lundi au mercredi de 10h à 13h et de 15h à 17h.

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