Portrait Clément Oubrerie

Quand on est en face de cette fille juchée sur son mât et de son image projetée sur la grand-voile, ça paraît une évidence. Quand on s’approche qu’on regarde ce trait reconnaissable au premier coup d’œil, ça paraît une évidence. Quand on se plonge dans son œuvre foisonnante, ça paraît une évidence. Quand, l’an passé, on a ouvert son Voltaire amoureux, ça nous a paru une évidence. Quand on s’est réuni, à l’heure où les grands fauves séquentiels narratifs vont boire, dans le bar de l’Océania pour choisir qui succèderait à l’immense et l’éternel Michel Plessix pour le prix de l’affiche, il n’y a pas eu 10 tours de table, ça nous est apparu comme évidence de le donner à Clément Oubrerie.

Passer à côté d’un talent comme ça, ça aurait été une faute professionnelle !

La virtuosité de son trait, sa faculté à s’approprier les récits et les univers, la fluidité de sa narration graphique, ce souffle romanesque qui coule dans les espaces inter-iconiques… C’est une mécanique de précision, de l’orfèvrerie !

À l’aise dans tous les genres, toutes les époques, tous les pays, tous les mondes… De la jeunesse (des dizaines de livres comme Mon chien est raciste avec Audren ou D’où je viens avec Gudule ) à la chronique sociétale pour les grands (Le Mâle occidental Contemporain) et la grande aventure, de la Côte d’Ivoire d’Aya de Yopougon aux Royaumes du Nord de Pullman en passant par la Russie de Sergueï Essénine (Il était une fois dans l’Est) et l’Ethiopie (Meurtre en Abyssinie), de la peinture de Pablo à la guitare de Jeangot à la danse d’Isadora, Oubrerie est un touche-à-tout et ce qu’il touche, il le transforme en or (d’abord en encre puis en or, bien sûr) que ça soit en solo ou bien accompagné par des grands noms comme Marguerite Abouet (Aya), Julie Birmant (Pablo, Isadora), Stéphane Melchior (Les Royaumes du Nord), Joann Sfar (Jeangot), François Bégaudeau (le Mâle occidental Contemporain)…

Les bandes dessinées de Clément Oubrerie sont des grandes fresques, des formidables épopées, de grands récits d’aventures qui transportent le lecteur, renouvelant le genre et le remettant au premier plan.

Il a même brillamment tâté de l’animation sur l’adaptation du Chat du Rabbin et sur une des meilleures séries françaises de tous les temps (c’est mon avis et je le partage), j’ai nommé : Moot-Moot d’Eric et Ramzy.

Si on ajoute à ça que le monsieur taquine en dilettante la guitare manouche comme un maestro (plutôt comme un Django d’ailleurs)

Que demande le peuple ?

Encore plus de bandes dessinées ? Soit. (Qu’il vienne à Quai des bulles, il sera servi)

On ne pouvait pas rêver mieux que Clément Oubrerie pour incarner le festival de la bande dessinée et de l’image projetée.

Un grand auteur pour un grand festival.

Ça, c’est une évidence.

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