Portrait de Simon Hureau, auteur de Sermilik, là où naissent les glaces

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Le prix Ouest France de l’édition 2022 a été attribué à Simon Hureau pour sa BD Sermilik : là où naissent les glaces publiée aux éditions Dargaud.

Simon Hureau est né à Caen en 1977, mais vit aujourd’hui sur les bords de la Loire dans «une vieille et vaste bicoque perpétuellement en travaux s’ouvrant sur un jardin grouillant de vie et choyé. »

Depuis 20 ans, il vit de la bande dessinée avec « des hauts, des bas, mais toujours dans la joie, la passion et la liberté ! »

Il commence son parcours en intégrant l’École des Beaux-Arts de Caen. Puis il  entre à l’École supérieure des arts-décoratifs de Strasbourg : « Parenthèse magique qui m’a fait rencontrer moult brillants camarades. »

Simon Hureau a toujours eu une passion pour le dessin, cependant « le projet de faire de la bande dessinée est venu progressivement, crescendo, comme un vague rêve un peu fou au début, jusqu’à devenir un projet sérieux mû par une impérieuse envie de raconter des histoires. » Cette envie de réaliser des BD est aussi venue de ses années à l’école des arts décoratifs : « Nous étions nombreux à aimer cela, au point qu’à force de faire des fanzines ensemble, nous avons fini par fonder une petite structure de micro-édition « L’Institut Pacôme », pour nous permettre d’exprimer toutes nos envies de livres. »

Après ses études, il se lance véritablement dans le métier d’auteur de bande dessinée et débute avec la revue Ego Comme X. Puis, il collabore avec la Boîte à bulles d’où sont édités différents ouvrages : Hautes œuvres, L’Empire des Hauts Murs, Intrus à l’Étrange. Durant ces années, il travaille aussi avec d’autres éditeurs tels que Futuropolis, Warum ou encore Jarjille. Puis, en 2020, il s’associe avec Dargaud qui édite l’Oasis et Sermilik : « Depuis L’Oasis, les choses bougent beaucoup pour moi et les projets s’enchaînent, sans temps mort ni repos. »

 

Sermilik, où naissent les glaces, raconte l’histoire vraie d’un jeune homme qui quitte la France pour vivre au Groenland et ce travail fut une nouveauté pour Simon Hureau : « Il est vrai que je me suis jusqu’ici plutôt débrouillé tout seul dans mon coin pour raconter mes histoires. »
Convaincu par l’un de ses amis, il décide de partir à Tiniteqilaaq, pour rencontrer ce fameux Max, le personnage principal de Sermilik : « Je sentais quand même quelque chose qui m’appelait, dans ce projet. J’ai donc pris le risque de dire oui et d’aller à sa rencontre. L’occasion qui se présentait-là était d’une parfaite nouveauté pour moi, et contenait la promesse d’une thématique qui m’est chère : ce lien entre l’homme et la nature. »

Pour la réalisation des dessins, tout était nouveau : « Je n’avais jamais dessiné de chiens de traîneau, d’icebergs, de fjords, de kayaks. » Son voyage à Tiniteqilaaq lui permis d’être face à une véritable source d’inspiration : « Aller là-bas et croquer frénétiquement dans mon carnet tout ce que je voyais a été ma meilleure école d’imprégnation possible, suite à quoi j’étais déjà nettement plus familier de l’univers inuit. »
Mais cela a aussi généré une certaine frustration :
« Quelle déperdition, lorsqu’il s’est agi de transposer sur sa pauvre feuille ces vastes espaces à perte de vue, ces lumières froides, ces perspectives au ras de la glace ou de l’eau. Mais j’ai fait de mon mieux avec mes petits moyens. »

Pour pouvoir dépeindre au mieux ces merveilleux paysages, Simon Hureau a hésité sur la technique : « Il était de toute façon clair que ça allait être en couleurs et en dessin traditionnel. J’ai donc dessiné au crayon noir sur format A3, et fait les couleurs à l’aquarelle, rehaussée d’encres de couleurs. »

 

L’obtention du Prix Ouest France/Quai des Bulles en 2022 a été une grande surprise pour l’auteur : « J’ai été d’autant plus touché qu’il s’agissait d’un prix des lecteurs, qui sont et restent les destinataires ultimes de nos créations. » Ce prix lui a aussi apporté un certain soulagement et du réconfort : « Le livre était sorti 5 mois plus tôt, je n’avais pas beaucoup de retours. Je crois que ce prix, c’est tout ce dont j’avais besoin pour me convaincre que j’avais eu raison de passer deux ans pour faire ce livre ! »
Simon Hureau garde de Quai des Bulles et de ces quelque temps passé sur le festival, un très bon souvenir : « Ce repas et ce bout d’après-midi partagé avec les 10 membres du jury ont été un moment merveilleux, un peu suspendus, c’était vraiment une belle rencontre ! »

Malgré son emploi du temps bien rempli, Simon Hureau a pris le temps de nous informer de ces dernières actualités : « Je travaille actuellement à l’adaptation d’un essai écrit par le directeur du Muséum de Paris. En parallèle, je continue de prendre des notes sur le jardin, je fais des illustrations pour Okapi, j’ai des pages dans le prochain Métal Hurlant. Il y a aussi un livre pour enfants qui doit sortir l’an prochain aux éditions Møtus, une petite résidence en septembre qui doit aboutir à un livre, une session Croq and Mob en août, etc. Le plus dur est de trouver le temps de tout caser ! »

Ses sources d’inspiration sont très diverses passant du monde de l’art avec Rembrandt, Hokusai, au cinéma avec David Lynch, Jim Jarmush. Mais aussi du monde de la BD : Winsor Mc Cay, Moebius, Tardi, Hergé, Rabaté, etc.
De plus, Simon Hureau apprécie pouvoir rencontrer de nouveaux auteurs : « J’adore aller en festival et faire connaissance avec de nouveaux camarades excessivement doués, à côté desquels je peux avoir la chance de dédicacer : Alex W. Inker, Lisa Blumen, Sabien Clément, Elene Usdin, Maud Bénézit, Florence Dupré-Latour, Morgan Navarro, Simon Lamouret, Léah Touitou, Claire Fauvel, Élodie Durand, Émilie Saitas, etc. Et j’adore ramener leurs livres à la maison ! »

Simon Hureau a été chargé de la réalisation de la carte de vœux de Quai des Bulles. Sur cette dernière, il s’est inspiré de Saint-Malo et du froid polaire qu’il avait vécu au Groenland lors de son séjour : « J’ai donc fait la synthèse de l’univers de Sermilik avec un croquis que j’avais fait du Fort National. Comme si une sorte de refroidissement climatique descendu du Nord avait figé les côtes françaises d’une épaisse banquise. J’ai fait ce dessin en plein hiver, juste trois ans après mon voyage au Groenland, cette illustration bouclait la boucle, en quelque sorte ! »

 

Illustration : Simon Hureau, copyright – tous droits réservés

 

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