Revoir Comanche
Lauréat 2016
Le 21 août 2017, le festival a eu l’immense tristesse d’apprendre le décès de Michel Plessix. Malouin, Michel était un membre de la première heure de la grande famille Quai des Bulles, nous avions choisi de l’honorer pour notre édition 2017. Vous trouverez ci-dessous un texte écrit par Lucien Rollin, vice-président de Quai des Bulles mais surtout ami de longue date de Michel Plessix. Ce texte a été rédigé avant l’annonce de cette tragique nouvelle.
« Là où va Michel, tu le suis, tu le surveilles et tu te débrouilles pour qu’il soit présent à la remise des prix, mais discrètement hein ! »
Cette mission m’a fait chaud au cœur, comprenant qu’il allait être le lauréat du Grand Prix de l’affiche, le graal de Quai des Bulles… Il est loin le temps où ce prix s’appelait « Bonnet d’âne » et se décernait au bar de l’Aviso, en petit comité… Au fil des années et l’avènement de Quai des Bulles tel qu’on le connaît depuis 1992, le succès croissant de ce festival a fait que les prix ont changé, ou plutôt c’est le regard du public et des journalistes qui a changé…Qu’on le veuille ou non, ils ont pris une importance que nous n’avions pas prévu.
Plus de 30 ans que Michel est mon ami…une paille quoi !…et dans sa carrière, il en a eu des prix, des affiches de festival à faire, mais Quai des Bulles semblait l’avoir oublié. Mais non, Michel, comment oublier que tu étais là dès la création du premier festival, que tu avais rencontré Jacques Plouët, directeur de la Maison pour tous lors d’un Fest-Noz à St-Servan et qu’il t’avait parlé de créer un festival BD ? Et que tu as eu l’idée, avec Jean-Luc Hiettre, de lui donner les coordonnées de Jean-Claude Fournier. La machine allait pouvoir démarrer, avec le trio Fournier, Goutal et Dieter. Des auteurs qui s’investissent à fond dans l’organisation d’un festival, voilà une des clés de la réussite de cet événement. Et depuis, cela ne s’est jamais démenti. Certes, le côté organisation, ce n’est pas vraiment son truc, à Michel, mais il a toujours été présent depuis 37 ans. Autant dire qu’il fait partie du creuset, du cœur des auteurs amoureux de ce festival. Un rapport affectif, doublé de rencontres essentielles dans sa carrière. Michel fait partie de la mémoire de Quai des Bulles, et il en a des dossiers sur ce qui s’est passé depuis 37 ans…Normal, puisqu’il est toujours le dernier couché, c’est dire ! Michel n’est pas breton, mais malouin. Certes, ce n’est pas un argument suffisant pour lui donner le Prix de l’Affiche, juste un bonus. Pour tout dire, il était persuadé depuis quelques années, que son « tour » était passé et qu’il n’aurait jamais l’honneur de faire l’affiche de « son » festival. Il prenait ça avec philosophie, il est comme ça, comprenait que l’évolution du festival et de la bande dessinée pouvait le desservir pour ce choix. Ce qui ne voulait pas dire que cela ne le rendait pas un peu triste, mais bon !
Aujourd’hui, te voilà rassuré, Michel. Profite-bien de cette édition. Et merci pour cette affiche, reflet de la poésie qui habite toute ton œuvre.
Lucien Rollin
Né en 1959 à Saint-Malo, il reste fidèle à sa région et affirme son identité bretonne. Ses premiers travaux sont des affiches de fest-noz et une plaquette de communication sur les nouvelles technologies pour la ville de Rennes. Il participe également à l’album sur l’histoire de la Bretagne pour le Crédit Agricole (1983). Son premier album, La Déesse aux yeux de jade, paraît aux éditions Milan en novembre 1988 (réédité en septembre 1993 aux éditions Delcourt). Déjà, il travaille avec Dieter pour le scénario et Isabelle Rabarot pour les couleurs. C’est ce trio qui signe dès 1989 les aventures en quatre volets de Julien Boisvert aux éditions Delcourt.
Plessix scénarise également la série Les Forell chez Dargaud, avec Bazile au dessin. Avec l’adaptation du roman de l’anglais Kenneth Grahame, Le Vent dans les Saules, Plessix renoue avec son graphisme «rond» et un public élargi aux enfants. Pour cette série en quatre tomes, il est auteur complet et réalise une somptueuse mise en couleur à l’aquarelle. Procédant par touches de lumières, à l’instar des impressionnistes, sa palette restitue l’atmosphère et le propos très naturaliste du récit. Il peut alors à loisir exprimer son amour de la sérénité et des plaisirs de l’existence. La série a obtenu plusieurs prix dont l’un, plébiscite organisé sur internet, lui a valu l’Alph-Art du public à Angoulême.
En 2005, il lui compose une suite flamboyante : Le Vent dans les Sables. En 2014, il s’associe avec son ami Loïc Jouannigot pour un album jeunesse, La chasse au trésor. La collaboration entre les deux amis ne s’arrête pas là puisqu’en 2015 une nouvelle histoire, Mélodie potagère, parait. En 2016, Quai des Bulles reconnait la magnifique carrière de cet auteur, et lui décerne son Grand Prix.
Auteur(s) Michel Plessix
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